La psychanalyse transforme le corps en changeant, dans une expérience
de parole, les modalités par lesquelles celui-ci est affecté et
que Freud a distinguées : inhibition, angoisse, symptôme. Le corps
concerné n'est pas l'image du corps, ou corps cosmétique, mais celui
de la pulsion, en tant que conséquence de la pratique langagière
qui définit le seuil de l'humain, y compris chez le sujet mutique.
L'expérience d'une cure suit la trajectoire d'un déchiffrement, celui
de l'inconscient, jusqu'à faire l'épreuve du bord au-delà duquel cet
inconscient devient réel, c'est-à-dire ininterprétable. À ces confins,
l'analysant se retrouve rebut de ce déchiffrement et c'est dans cette
position qu'il trouve une satisfaction, impossible à imaginer avant
d'être atteinte.
Pour opérer cette transformation, une psychanalyse doit soustraire
le symptôme au fantasme qui en commande la pathologie et donner
au symptôme la portée insurrectionnelle qui permettra au sujet de
se libérer du langage au moyen du langage, en s'affranchissant du
pensé par le dire. Accueillir le symptôme (et non le traquer), démonter
le fantasme (et non l'alimenter) sont les deux axes de la direction
d'une cure.
Ce livre examine, point par point, les dimensions de cette expérience
qui en est encore à ses débuts - constat qui ne doit pas faire oublier
l'immense novation de sa naissance.