Seules de tout le Pays de Neuchâtel, les communes du Landeron et
de Cressier ne passèrent pas à la Réforme, créant ainsi un îlot catholique
en terre protestante. Durant plus de trente ans, de 1530 à 1562, le
cas du Landeron et de sa région est un «dossier» qui divise le comté
de Neuchâtel et trouble les relations entre cantons suisses. Dans leur
combat pour le maintien de leur foi, les habitants des deux communes
peuvent compter sur le soutien de leurs combourgeois soleurois.
L'identité landeronnaise, si particulière - châtellenie catholique dans un
Etat protestant - remonte à ces années-là et à la protection de Soleure.
Dans le cadre complexe d'une confédération où règne une paix précaire
entre réformés et catholiques, le cas de la châtellenie du Landeron
prend une importance sans commune mesure avec la réalité démographique
et économique : cette enclave confessionnelle retient l'attention
non seulement des réformateurs, Guillaume Farel en tête, mais aussi de
personnages influents tels que François Ier ou le duc de Guise. Menaces
et prétentions juridiques du côté protestant, mesures de protection et
argumentation contraire du côté catholique s'entrecroisent pendant une
trentaine d'années. L'étude de ces rapports de force et de leur traduction
en arguments juridiques présente un grand intérêt, d'autant que sont
invoqués des principes comme la liberté de conscience ou le droit d'une
communauté à garder sa foi.