James Salter fait figure de légende. À cet ancien pilote
de l'US Air Force, romancier et scénariste à Hollywood, on prête
un amour excessif du danger, le goût des femmes et une passion
pour la France. Et l'on n'a pas tort, à en juger par son
autobiographie. Salter s'y montre moins soucieux d'entretenir
la légende que de dire la vérité. C'est pourquoi ce livre,
contrairement à tant de mémoires d'écrivains, sonne si juste.
Salter raconte : son enfance à New York dans les années 30,
l'influence de son père qui le conduit à West Point, la prestigieuse
académie militaire où - fait rarissime pour un juif - il fait toutes
ses études avant d'entrer dans l'armée de l'air, puis la Corée
et ses missions de pilote de chasse sur les premiers jets
supersoniques. Il démissionne de l'armée pour se consacrer
à l'écriture, devient romancier (Un sport et un passe-temps,
Un bonheur parfait, etc.) et scénariste. Salter trace d'admirables
portraits, de Kerouac à Irvin Shaw, de Robert Redford à Joe Fox :
c'est drôle, cruel, un brin nostalgique.
Nécessairement inachevés, ces mémoires sont un tour de force
narratif et stylistique. Dans une prose ciselée, un des derniers
grands écrivains américains nés avant la guerre jette un regard
ironique et grave sur notre époque.