L'histoire sociale... un secteur de l'histoire en recul — à en croire en tout cas les maisons d'édition et les médias — à l'heure des mutations rapides et profondes qui traversent les modes de production et les façons de vivre du monde du travail, au moment aussi où des thèmes nouveaux prennent le pas sur les anciens : les problèmes liés à la citoyenneté ne tendent-ils pas à envahir aujourd'hui la conscience sociale et civique au détriment de la cause des prolétaires? Les historiens du social, pourtant, n'ont pas baissé les bras. Sensibles au nouveau, attentifs cependant à ne pas renier leurs choix, ils ont retroussé leurs manches et se sont mis au travail. A l'ambition de dominer toute la structure sociale a succédé celle, entre autres, de comprendre le fonctionnement des lieux de sociabilité. Ainsi atterrissons-nous dans ce livre. Une entreprise, un lieu de production : les Chantiers de Provence. Un lieu de vie, un quartier, ici une ville : Port-de-Bouc. Producteur et consommateur, prolétaire et citoyen : voici l'homme. On peut partir de l'usine et déboucher sur la cité ou remonter de la cité vers l'usine : ce va-et-vient définit une des ouvertures, un des charmes de la nouvelle histoire sociale... Cela nous vaut de belles pages, nourries d'ethnologie, une des disciplines qui contribuent aujourd'hui le plus fortement au renouvellement de l'histoire sociale.
Extrait de la préface de Madeleine Rebérioux
Docteur ès lettres et sciences humaines, lauréat du prix Édouard-Saman 1989 de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille, Jean Doménichino consacre l'essentiel de ses recherches à l'étude du monde du travail et des entreprises. Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues spécialisées. Après Des Bateaux et des Hommes, Une Ville en chantiers vient compléter ses travaux consacrés à la construction navale.

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