On a souvent souligné le fait que l'épidémie de sida était un révélateur de l'état des systèmes sociaux. Dans les pays en développement d'une façon générale et en Afrique plus particulièrement, sa forme et son intensité sont étroitement liées à la pauvreté, à l'inégalité, à la déstructuration sociale, au déracinement des personnes. Ce sont autant de phénomènes qui sont étroitement associés à la violence et au conflit. C'est dire si une réflexion sur les conditions de la lutte contre le sida dans des situations extrêmes est nécessaire - urgence liée à une crise aiguë aussi bien que précarité économique et politique chronique. En effet, c'est bien souvent dans ce contexte que les problèmes doivent être traités. La situation rwandaise et celle de l'est du Zaïre illustrent cette affirmation avec une particulière évidence, mais il ne faut pas oublier que ce sont environ 10 millions de réfugiés que l'on compte actuellement sur le continent africain. C'est dire l'ampleur du problème. Or, cette association privilégiée entre, d'une part, la violence, le désordre, l'urgence et, de l'autre, le sida n'est que très rarement envisagée dans une perspective d'intervention concrète. Il s'agit de deux ordres de problèmes dont on considère généralement qu'il n'est pas possible de concilier les traitements. Le présent ouvrage constitue une première amorce de réflexion sur le sujet. Réunis en Atelier, plusieurs spécialistes, représentant un large éventail de disciplines, se sont efforcés de faire le point sur la question. On verra qu'ils soulèvent davantage de questions qu'ils n'apportent de réponses. Toutefois, ils posent un certain nombre de jalons utiles et formulent un certain nombre de propositions dont les actions de terrain pourraient utilement s'inspirer.

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