La cité de la Castellane, à Marseille, a été bâtie à flanc de colline à la fin des années
60. De ses tours, on dispose d'une vue exceptionnelle sur la baie de l'Estaque.
La relation que les habitants entretiennent avec le centre social du quartier et
l'école est tout autant singulière. Elle s'inscrit dans la tradition d'un lien tissé
depuis des décennies entre les acteurs associatifs et scolaires et les plus démunis.
Depuis le début des années 90, ce lien est affecté par une stigmatisation qui pèse
de plus en plus sur la population des cités des quartiers nord de la ville. Cette
population touchée par la pauvreté, majoritairement d'origine étrangère, la plus
en proie aux difficultés économiques, fait l'objet d'un rappel à la norme quasi
permanent. Sans mettre en doute les professions de foi sincères, les institutions
à caractère social et scolaire abordent les habitants de la cité à partir du postulat
de leur déviance. À l'image insolite de la cité de la Castellane fait face celle d'une
cité suffisamment exceptionnelle pour engendrer comme par magie l'artisan de
la victoire française au championnat du monde de football, Zinedine Zidane.
La population est prisonnière d'une image qui la sépare du reste de la ville. Les
contours de la cité sont dressés à partir d'un discours où les plus jeunes de ses
habitants sont souvent considérés comme des fauteurs de troubles potentiels. La
figure du notable investi dans la vie locale fait écho à celle du délinquant dont
la réputation se répand au gré des faits relatés par la presse locale. Qu'en est-il
réellement du quotidien pourtant ordinaire des habitants de la cité ?
Loin des clichés qui empêchent l'intelligence de tels lieux, l'ouvrage restitue
une enquête minutieuse et au plus près de la vie quotidienne des principaux
concernés, adolescents et jeunes adultes en particulier, habitants et travailleurs
sociaux. L'auteur dégage l'impact contrasté des institutions (école et centre social)
et les jeux dans lesquels les acteurs trouvent in fine, des marges de manoeuvre à
renégocier en permanence.