Alors que la défiance vis-à-vis des vaccins fait régulièrement les gros titres, l’observation des comportements montre une tout autre réalité avec des taux de vaccination très élevés dans la population française. Comment expliquer cet apparent paradoxe et que dit-il du rapport entre individus et autorité médicale ?
Retraçant l’histoire de la vaccination en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, au moment où se mettent en place les structures qui définissent aujourd’hui encore la santé publique, Gaëtan Thomas enquête sur le travail scientifique, les mutations du pouvoir sanitaire et l’influence des organisations internationales. Au cours de cette période, la vaccination change d’échelle, aussi bien en termes de nombre de personnes vaccinées que de pathologies couvertes. Le consentement des individus, désormais en première ligne dans la défense d’une santé collective, pose un défi de taille aux médecins et politiques qui mettent en œuvre une série de stratégies pour le garantir.
À partir des années 1980, le retour de la menace infectieuse – du VIH Sida au Covid 19 –, les scandales et affaires, ainsi que l’explosion du prix des produits pharmaceutiques nourrissent fantasmes, angoisses et spéculations. Mais, si les polémiques donnent de l’ampleur au phénomène de l’« hésitation » vaccinale, de nouvelles injections n’en continuent pas moins à entrer en usage.
Gaëtan Thomas est historien, membre du Cermes3 et du médialab, et enseignant à Sciences Po Paris. Avec Guillaume Lachenal, il est l’auteur d’un Atlas historique des épidémies (Autrement, 2023). Il a également édité et traduit les textes de deux critiques d’art associés à l’histoire culturelle du sida, Douglas Crimp (Pictures, traduit avec Nicolas Paul, Le Point du jour, 2016) et Craig Owens (Le Discours des autres, Même pas l’hiver, 2022).