Venise, peut-être recueille les textes qu'Andrea Zanzotto a consacrés à Venise et à la Vénétie. Mais il s'agit d'une autre Venise, peut-être : à la fois vue de très près et comme vue du ciel, prise dans un cadre plus vaste - une ville reliée, inscrite dans le temps intime et historique, dans la matière et dans l'espace. Venise n'est pas un joyau détaché, elle doit s'approcher de l'extérieur, ne se comprend qu'à travers sa lagune et son ancrage dans sa région, la Vénétie, site de terribles batailles de la première guerre mondiale et, plus tard, haut lieu de la lutte partisane. Venise, peut-être témoigne d'une certaine idée de l'écologie, du paysage et de l'habitation, où l'homme et la nature interagissent et se confrontent, où ville et nature sont le lieu d'une passion et d'un combat intimes et politiques.
La ville entière a tenu ses temps resserrés contre elle, comme les pièces d'une marqueterie : fruit et ver, bave lumineuse et scories, puanteur chaque fois changée en parfum : comme un point d'absurdité dans le présent.