Vers la poésie totale
Poésie concrète, poésie visuelle, poésie sonore, poésie action... Le genre poésie n'en finit plus de se pulvériser en une infinité de catégories qui peut laisser perplexe. Dès les années 70, le mérite revient à Adriano Spatola, l'un des grands poètes italiens au plus près lié à l'ensemble de ces recherches, d'avoir, au terme d'une relecture magistrale et fidèle d'oeuvres qu'il connaissait mieux que quiconque, construit une perspective montrant à l'évidence que tous ces travaux, au-delà de leur foisonnante diversité, s'inscrivent dans une aire commune. De celle-ci, les axes majeurs furent tracés il y a un siècle et plus, aussi bien par Mallarmé que par les avant-gardes historiques, dada, futurisme, constructivisme... que Spatola revisite également.
C'est à cette aire commune - et à l'utopie qu'elle indique - nonobstant les catégories divisant les domaines des arts - que Spatola confère le nom de Poésie totale.
« Mine synthétique d'informations ailleurs éparses ou tout bonnement introuvables », Vers une poésie totale entend combler un retard. « Au XXe siècle, les miroirs ont volé en éclats » assurait Ponge, ce livre - à la fois document et manifeste - en est un éclat ; il marque une rupture et constitue aujourd'hui une référence indispensable.