Souvent introuvables, parfois inédits, ces textes voient Paul Willems rassembler, quarante ans durant, les éléments d'une poétique qui délaisse les chemins de la théorie pour suivre ceux du récit et de l'anecdote. Car la poésie ne procède jamais, pour lui, de quelque savoir préalable, mais trouve son point de départ dans une expérience immédiate et sensuelle du monde, dans la singularité de quelques instants privilégiés où il semble que nous soit révélé le secret « doux et terrible » de l'univers, son « merveilleux néant ».
C'est le souvenir de ces épiphanies, liées aux premières impressions de l'enfance, aux rencontres de la guerre ou aux hasards du voyage qui l'ont conduit, rappelle-t-il, vers le théâtre. C'est là qu'il crut découvrir la possibilité d'inscrire sa rêverie dans la généralité d'un langage partagé. La scène n'accomplit-elle pas ce miracle de renvoyer chaque soir, dans l'instant, chaque spectateur à son rêve intérieur ?
Sur un ton tour à tour grave et léger, voire badin, Paul Willems évoque ces moments d'exception ; interrroge ses écrivains favoris, de Li Po à Apollinaire, de Schnitzler à Césaire, de Crommelynck à Sigrid ; rend hommage à un metteur en scène complice dans un sketch burlesque ; réfléchit sur le langage dramatique, sur les traditions du théâtre d'Extrême-Orient ou sur la fonction religieuse de l'art comme cérémonial ; explore aussi les frontières du théâtre dans le projet d'une installation sonore et lumineuse qui transporterait le spectateur sur une « île de repos » battue par les vagues.
Textes conjoncturels, écrits ou prononcés dans des espaces très divers, ces essais montrent toute la dynamique créatrice de la circonstance. Ils ouvrent chemins de traverse et clairières dans l'univers de l'un des plus grands écrivains belges de l'après-guerre.