L'époque actuelle - avec son appropriation prothétique de la technologie et sa
circulation intensive de représentations à faible taux de responsabilité - semble
garantir l'immédiateté de communications débarrassées de toute herméneutique
et de tous filtres critiques. Mais la disponibilité des consommables se heurte à la
stérilité des appropriations. La créativité et l'innovation restent en suspens tandis
qu'aux marges des institutions et des modes se développe le pillage médiatique.
La réponse de la théorie ne doit pas se borner à produire une photographie
des tendances ou une justification de l'existant. Elle ne peut pas non plus être une
abstraction idéale, obsédée par la rigueur interne de ses modèles. En particulier, la
sémiotique doit justifier son importance scientifique en montrant l'hétérogénéité
des questions de sens, la complexité de la signification face à l'indétermination
des scénarios pratiques, l'importance de la culture comme source d'émancipation.
Une science des médiations ne doit pas s'attarder aux routines mais travailler sur
les crises endémiques des échanges et sur les contradictions du discours social.
Ce livre traverse plusieurs contrées théoriques et pratiques - de la perception
aux jeux de langage, des oeuvres d'art aux médias - et dégage des propositions
de modélisation écologique et différentielle des dynamiques culturelles entre
compréhension du passé et invention du futur.