Les cadres temporels que nous nous donnons, ou qui nous sont
imposés par nos environnements de vie, ont beaucoup changé
au cours des dernières décennies. Jeunes et adultes, par exemple,
n'organisent pas leurs agendas biographiques à partir des mêmes
coordonnées temporelles, d'où souvent des effets d'incompréhension.
À côté d'anciennes temporalités que l'on croyait caduques,
comme celles de l'alternance et de la transition aujourd'hui en
pleine expansion, nous en voyons poindre de plus originales et dont
les significations restent à décrypter : temporalités de l'agenda
plus particulièrement, sans oublier celles de la simultanéité et de
l'instantanéité.
Saisir la signification de ces temporalités émergentes, c'est les
resituer dans leur environnement sociétal et tenter d'esquisser les
formes de la nouvelle culture en gestation. À cette fin, nous
partirons du concept de projet qui circule depuis plusieurs
décennies entre modernité et post-modernité. Nous le retiendrons
dans sa variante très actuelle de «management de projet», à travers
les temporalités qui l'organisent, révélatrices de ce que nous
appellerons polychronie, nous appellerons polychronie post-moderne
du moment présent. Cette polychronie, illustrée par le
recours de plus en plus systématique à l'agenda, semble gagner du
terrain par rapport à la monochronie moderne d'un temps orienté,
sans pour autant la supplanter.