« Dans le climat xénophobe des années cinquante, j'ai décidé - de retour en France - de ne jamais raconter mon passé, et notamment ces années roumaines qui ont coïncidé avec le triomphe d'un régime communiste qui fascinait à l'époque nos intellectuels. Les uns n'aimaient guère les gens venus d'ailleurs, tandis que les autres n'acceptaient pas qu'on ait pu quitter ce nouveau modèle de société décrété idyllique.
J'avais par conséquent décidé de me taire et de refuser une image et une mentalité d'étranger. Mon objectif était de ressembler aux millions de Dupont qui m'entouraient sans proclamer ma différence, ni croire naïvement que ma mission consistait à changer la société ou encore à bouleverser les moeurs. »