«On ne soupçonne pas le pouvoir d'une chanson parce qu'on ne lui en prête aucun. On se gargarise de grands classiques littéraires, picturaux, cinématographiques, pas de chansons. Pourtant, c'est le seul véhicule à sentiments qui nous désarme. Quand on évoque un livre, une peinture, un film, on se rappelle de l'oeuvre de quelqu'un. Quand on se souvient d'une chanson, on se rappelle de soi. Telle chanson, le premier flirt, telle autre, des vacances, une saison heureuse, un coup dur... Plus fort encore: quelques notes suffisent à réveiller le désir, le courage, l'insouciance. Même Groszman, qui aligne les chansons dans des colonnes de chiffres, fredonne des refrains qui le chamboulent. Même ma femme, en ce moment, doit faire un effort pour lutter contre des mélodies qui lui serinent qu'elle m'a aimé.»