De la Libération à l'amnistie de 1953, la prison de Fresnes a abrité,
de longues années, la plupart des responsables de Vichy.
Attendant leur condamnation pour faits de collaboration ou
purgeant leur peine, les grands notables de l'épuration, de Louis
Renault à Tino Rossi, de Sacha Guitry à René Bousquet et Xavier
Vallat, y croisent aussi bien la piétaille de l'hôtel du Parc que les
rescapés de Sigmaringen. Une vie s'y organise dans la peur et l'attente,
le ressentiment et la haine, scandée par les procès suscitant
allées et venues des ténors du barreau, Jacques Isorni ou René
Floriot. D'un château l'autre - fin de parcours pour ces messieurs
de Fresnes.
Nul n'était mieux désigné pour faire revivre ce «salon des épurés»
que Bénédicte Vergez-Chaignon, l'auteur de la biographie de
Bernard Ménétrel, le médecin et secrétaire particulier de Pétain.
Coup de phare sur un Vichy inédit traversé de tous les relents d'une
passion contrariée, entre la stupeur, l'inquiétude, l'amertume : le
tableau d'une prison politique plus haut en couleur et plus nuancé
que ne l'avait laissé croire la légende noire de l'épuration.