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Ce livre est un classique dont Pluriel reprend la parution après qu’il a été épuisé plusieurs années. Car ce texte conserve une étonnante actualité et rend compte des faiblesses et des dérives des logiques de commémoration autour de la Seconde Guerre mondiale. Il part d’une question simple : "Faut-il ranger le devoir de mémoires au pupitre ? Non pas, mais que cesse ce rituel consistant à s'indigner tous les six mois parce qu'un scoop révèle que des Français ont collaboré, ou que Vichy fut complice de la "Solution finale". (...) L'important aujourd'hui n'est plus de dénoncer ou de dévoiler des secrets. Il est de comprendre et plus encore d'accepter. Non pas se résigner, mais accepter que ce passé, et peut-être plus encore la manière dont il a été géré après la guerre par la génération qui I'a subie, est révolu. D'autant que l'insupportable avec " Vichy " ce n'est pas tant la collaboration ou le crime politique organisé que ce qui fut au fondement même de l'idéologie pétainiste et qui eut, un temps, les faveurs du plus grand nombre : la volonté de mettre un peuple tour entier hors de la guerre et le cours de l'Histoire entre parenthèses. (...) Le souvenir de l'occupation est le reflet permanent non pas de "nos" crimes, commis toujours par une minorité, mais de notre indifférence et de la difficulté de rompre, comme le firent naguère les premiers résistants. (...) Le devoir de mémoire donne-t-il le droit d'ouvrir un procès perpétuel à la génération de la guerre ? D'autant que, pour la nôtre, l'obsession du passé, de ce passé-là, n'est qu'un substitut aux urgences du présent. Ou, pis encore, un refus de l'avenir.".