(FRAGMENT DU JOURNAL INTIME D’UNE FEMME)
12 mai 1886.
Ma raison me dit :
Tu as fait une première expérience du mariage et cette expérience n’a pas été heureuse Tu es veuve ; tu as une fille de quatorze ans et te dois tout entière à elle ; tu es de cinq ans plus âgée que l’homme à qui tu as eu le tort de sacrifier ton intacte réputation ; cet homme est léger, volage, faible contre ses passions et esclave de ses vices ; il t’offre aujourd’hui de réparer, en te donnant son nom, le préjudice qu’il a causé à ta bonne renommée ; mais quand le vent de générosité, qui tourne à cette résolution son mobile esprit, aura cessé de souffler, il se repentira d’avoir rivé de ses propres mains une chaîne que ta tendresse s’efforcera vainement de lui rendre légère ; un temps viendra, qui n’est pas loin, où tu ne seras plus jeune, tandis que lui n’aura pas encore cessé — à supposer que ses pareils cessent jamais !
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.