«Connaître mieux Hugo. Ou plutôt le connaître. Tel fut le propos
de ma vie entière. Aller plus loin que le "témoin", voire à son
encontre, plus loin que la légende du poète de la République, de
la barbe blanche et de l'art d'être grand-père. Répudier Epinal.
Retrouver le quotidien au-delà du génie. Admettre la sincérité du
révolutionnaire et le comprendre bourgeois. Croire à sa générosité
totale et constater son amour de l'argent. Le voir vivre en leur
absolu ses passions amoureuses et asservir la meilleure des amantes.
«J'ai lu les lettres où il se met à nu, celles des hommes qui l'accompagnèrent,
des femmes qui l'aimèrent.
«Je l'ai suivi dans Choses vues et l'ai découvert prodigieux journaliste.
«Je l'ai retrouvé dans les assemblées, l'ai admiré chantre de la seule
vraie cause, celle de l'homme, polémiste féroce pour foudroyer les
intérêts ou écraser les égoïsmes.
«J'ai lu les travaux innombrables d'innombrables érudits...
«J'ai visité les lieux où il vécut, allant à Besançon aussi bien qu'à
Guernesey, voulant voir le sommet du Donon tout autant que la
Seine à Villequier, l'appartement de la place des Vosges comme la
maison de Juliette. Il m'était cher, il m'est devenu proche.»