«Je veux savoir» : ce désir, exprimé par le mage d'Ibo, est l'une des obsessions les plus taraudantes de celui qui tout au long de son œuvre prit d'assaut l'Inconnu. C'est l'une des tensions les plus fécondes du génie hugolien.
C'est aussi, plus communément, l'expression douloureuse du désir lorsqu'il se fait jaloux, lorsqu'il cherche à saisir ce qui par nature se dérobe, que ce soit, pour l'amant, l'être désiré dont le mystère est irréductible ou, pour le quêteur d'absolu, le gouffre insondable de l'Infini, ou encore, pour le philosophe soucieux des questions sociales, l'insoluble énigme de la violence dans l'Histoire. Si le poète peut s'interroger de manière exemplaire sur ces obscurités, c'est que son statut de créateur confronté à l'indicible le place dans un rapport à la vérité tout à fait original, qui associe indissolublement le Vrai, le Bien et le Beau.
A quel type de savoir la littérature donne-t-elle accès avec les moyens poétiques qui sont les siens ? En quoi la pratique de la littérature - lecture ou écriture - est-elle propre à éduquer l'imaginaire, à faire de l'intuition, du travail sur les images, un instrument de connaissance de soi, de l'autre et du monde ? Ces questions, posées à Hugo à travers l'étude de trois de ses œuvres, permettent d'envisager sous un nouveau jour les rapports entre littérature et connaissance.