Disparu prématurément, Victor Segalen (1878-1919), médecin, voyageur, sinologue, archéologue, éditeur et poète, a laissé une œuvre abondante, en grande partie inédite à sa mort, publiée et commentée seulement à partir des années soixante. Fondée sur une riche expérience humaine, située au carrefour de plusieurs cultures et de plusieurs disciplines, novatrice en matière de formes et d’idées, elle n’a cessé depuis lors de susciter de l’intérêt dans le monde entier. L’année du centenaire de sa mort, Segalen n’est-il pas toujours à découvrir ? Être « attentif à ce qui n’a pas été dit » et le dire c’est, selon Segalen, « la raison d’être » de l’artiste. Ce premier colloque de Cerisy consacré à Segalen a réuni des chercheurs d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Après une situation précise des œuvres dans les contextes historiques de son temps, il aborde l’évolution de la réception de Segalen par des philosophes et des écrivains. Il interroge ensuite la complexité du « je » et de l’écriture romanesque révélant ainsi des aspects de la modernité littéraire de Segalen. La dernière partie confronte des œuvres de Segalen et sa théorie de l’exotisme avec les études culturelles et avec le concept contemporain d’« appropriation culturelle » : la vitalité de l’écriture de Segalen ne cesse d’éclairer des enjeux actuels.
Colette Camelin, normalienne, agrégée, est professeur émérite de littérature française du XXe siècle à l’université de Poitiers.