Sommes-nous entrés dans la modernité par le simple renversement des valeurs rendant
à la vie active le primat sur la vie contemplative valorisée par la religiosité médiévale ?
Ce livre voudrait montrer que si l'articulation des genres de vie constitue bien une
structure fondamentale pour la pensée et la société médiévale, voire renaissante, elle se
déploie selon des modalités diverses et subtiles. Il réunit des études relatives aux
sources antiques des genres de vie, à leur fonction structurante de modèles théoriques
mais aussi de réalisations pratiques au Moyen Âge, à leur transformation au seuil de la
Renaissance. Celle-ci entend-elle proposer un choix exclusif entre volupté, action et
contemplation figurées par les trois déesses du jugement de Pâris ? Le choix de Junon
conduit-il inexorablement la technoscience à une guerre de Troie bien pire que la
précédente ? Au sortir de la modernité, née de leur dissociation plutôt que de leur renversement,
le Moyen Âge et la Renaissance ne livrent-ils pas au contraire les secrets
d'une quête subtile d'équilibres variés entre les genres de vie ?