Ce roman se déguste une serviette autour du cou.
La journée commence bien. Invité à partager le petit déjeuner de Zhu Ziye, laissez-vous réchauffer par un bol de nouilles al dente, avec des crevettes sautées en accompagnement. Que diriez-vous d'un plat de rouleaux de poisson aux oeufs de crevettes, à moins que vous ne préfériez une assiette d'oie braisée au marc de vinl Et si vous goûtiez plutôt ces tendres coeurs de légumes aux miettes de crabe ou ce jarret de porc confit au sucre glacé et ambré ?
Ce sont quarante années de vie chinoise autour de la table qui sont évoquées ici, témoignant de la survie des traditions culinaires envers et contre toutes les turbulences du communisme en Chine. En pénétrant dans l'existence de deux personnages ennemis que les circonstances ont réunis par mégarde, vous ne cesserez d'être tenus en haleine par la véritable héroïne du roman : la gastronomie. Pour elle le « capitaliste » Zhu Ziye sacrifie tout. Contre elle s'acharne Gao, moraliste épris de justice révolutionnaire.