Vies de journalistes
Sociobiographies
Tourner les pages de vie de journalistes peut s'avérer d'une grande utilité pour le chercheur en journalisme. En retraçant des biographies d'acteurs médiatiques, en restituant leurs parcours personnels et professionnels au sein de leur environnement sociohistorique, cet ouvrage s'intéresse aux phénomènes collectifs et singuliers qui fondent leurs actions. Faits de « structures » et discours d'acteurs sont de la sorte appréhendés en commun. La présente proposition de recueil d'histoires de vie d'acteurs du journalisme de tout support, y compris numérique, est ainsi qualifiée de démarche « sociobiographique ».
La démonstration est articulée en quatre parties. La première montre comment, s'inscrivant au sein des sciences de l'information et de la communication, l'apport sociobiographique peut enrichir les études sur le journalisme. Elle décrit le positionnement « de l'intérieur » d'un chercheur impliqué dans l'environnement qu'il étudie. Cette posture empirique guide son travail. La deuxième regroupe des éléments d'épistémologie de l'approche biographique telle qu'elle apparaît en sciences humaines et sociales : elle fait ressortir le rapport au biographique de diverses disciplines et ses réinvestissements possibles. La troisième restitue une quinzaine d'années d'enquêtes ayant permis de récolter des matériaux sociobiographiques. En même temps, elle décrit les contextes des espaces publics indo-océaniques (Réunion, Maurice, Madagascar, Comores, Mayotte, Seychelles). La quatrième est constituée par la proposition méthodologique proprement dite - notamment autour de l'entretien - de récolte d'histoires de vie de journalistes et d'acteurs des médias.
In fine, il s'agit de montrer combien l'approche sociobiographique se révèle heuristique pour produire de la connaissance sur le journalisme, tout en s'interrogeant sur la généralisation de l'objet scientifique. Ce travail, géographiquement situé, conditionne une pratique de recherche qui implique un décentrement du regard. En revisitant des modèles explicatifs « pré-confectionnés » (comme celui du classique espace public habermassien), il suggère de les rendre davantage modulables.