En ouvrant ces pages, c'est le peuple des républicains
espagnols que nous découvrons et l'histoire de ces
combattants, ces amoureux de l'écrit et de l'aventure
démocratique. L'histoire que nous avons là est le partage
d'une mémoire sinon la découverte de ce peuple, ces sans
terre, cette «lie» incarnant l'espoir espagnol, ces
combattants sortis debout des camps de la mort et aspirant
à la liberté par eux conquise et à vivre dans leur
République assassinée par Franco à qui leurs pas avaient
fait frontière.
L'auteure apporte de son encre la dimension romantique
à cette lutte, cette errance, ce combat, cette fuite,
cette utopie vers toujours et encore la source de la liberté
du Frente Popular. De son écriture flamboyante, racée,
chaleureuse, ivre d'idées, l'auteure rend la poésie à cette
Espagne, poésie qui fut garrottée à l'exécution de Federico
García Lorca, la laissant dans un devenir sans chant.
Écriture solitaire, unique et noire, roman qui décrit pas
à pas ces adolescents abandonnant leur enfance pour un
¡ No pasarán ! Ils rêveront encore à la justice de l'homme
comme sentinelle indicible à l'innomé que fut le terrorisme
franquiste, surtout quand les démocraties renaissantes du
sang des républicains espagnols les bafoueront d'oubli et
d'arrogance.
¡ Viva la Muerte !, lisons-nous funestement dans ce roman
qui nous offre pourtant sa poésie comme une mémoire de
mots à couler sur l'amnésie de notre littérature.
Michel Reynaud