La question de la sécurisation des espaces résidentiels en milieu urbain n’est pas nouvelle. Elle se renouvelle sans cesse et deux tendances fortes semblent émerger au cours d’une période récente. La première est l’essor, voire la large diffusion dans certains contextes géographiques, d’enclaves résidentielles fermées destinées non plus seulement et principalement aux catégories aisées mais à destination des classes moyennes, enclave incarnée par la figure désormais banalisée mais assez réductrice de la gated community étatsunienne. La seconde résulte d’une modification des modalités de surveillance de l’espace urbain, sans que celle-ci s’accompagne d’une fermeture territoriale comme dans le cas de l’enclave résidentielle fermée. Cette double tension interroge la façon de vivre en ville et celle de se penser ou de se représenter en société, car au-delà de l’objectif sécuritaire souvent mis en avant mais non exclusif de l’ensemble des processus à l’œuvre, elle traduit fondamentalement une série de transformations profondes des modes de vie, des relations sociales et des rapports à l’espace. Cette analyse de la sécurisation des espaces résidentiels en milieu urbain, qui oscille entre autoenfermement et surveillance sans fermeture, porte à la fois sur le contexte français et étatsunien.