Ils l'observent, Ils le suivent, Vytautas Vargalys le sait :
sa vie est celle d'un homme qu'on a mis en joue. Ils sont
partout, Vilnius Leur appartient, alors que lui n'est qu'un
simple employé de bibliothèque chargé de référencer les livres
qu'Ils ont mis à l'index. Traumatisé par neuf années de
tortures endurées au goulag, il se bat désormais pour
comprendre Leur but. Gardien de l'histoire de son pays
et de ses mythes, le dernier des Vargalys sombre petit à petit
dans la folie. Seule Lolita, jeune séductrice au passé trouble
et au corps parfait, lui permet encore de croire qu'une
nouvelle vie est possible. Mais le sauvera-t-elle ou précipitera-t-elle
sa chute ?
Excessif, magistral, ébouriffant, ce roman à quatre
voix - celles de Vyautas, l'ancien prisonnier au
sexe démesuré, de Martynas, le collectionneur
d'anecdotes, de Stéfania, la fille du pays, et d'un chien
philosophe - raconte par un jeu de miroirs la descente
aux enfers d'hommes et de femmes qui tentent de
survivre dans un monde sans âme.
Hallucinante fresque de la monstruosité qui sommeille
en chacun de nous, tour à tour poétique, pornographique,
métaphysique ou politique, Vilnius Poker est une violente
ode à la liberté. Sa publication fit l'effet d'une bombe et fut
la catharsis de tout un peuple étouffé par les non-dits de
l'occupation soviétique, propulsant son auteur, Ricardas
Gavelis, au rang de plus grand écrivain du pays.
C'est le livre de toutes les grandes capitales modernes dévorées
par l'apathie et la tentation de l'oubli. C'est le portrait d'un
peuple dépouillé de son histoire. C'est Dostoïevski. C'est Kafka
et Burroughs. C'est Kundera. C'est un piège.