Violences conjugales
Du combat féministe à la cause publique
Longtemps, les violences sexuelles et conjugales ont été considérées comme un fait d'ordre privé. Longtemps, les sociétés ont nié qu'elles étaient la conséquence d'une domination masculine confortée par l'ordre établi. Si la question a été soulevée à partir du milieu du XIXe siècle en Europe et aux États-Unis, il faudra attendre les combats féministes de la fin du XXe siècle pour que ces violences soient reconnues comme un phénomène social et que l'État s'en empare.
C'est à ce bouleversement de perception, et à la transformation d'un combat en cause publique, que s'intéresse ici Pauline Delage. Elle montre comment, à partir des années 1970, les féministes ont identifié les violences sexuelles et conjugales, proposé des moyens spécifiques pour les traiter et élaboré une grille explicative les liant aux rapports structurels entre les femmes et les hommes.
Dans une enquête minutieuse, réalisée à partir de cas français et américains (région parisienne et comté de Los Angeles), l'auteure révèle comment professionnelles et militantes se sont saisies d'opportunités institutionnelles et politiques pour faire reconnaître ces violences, et retrace les processus qui ont conduit à légitimer l'intervention de l'État dans le domaine de l'intime. Son approche comparée met au jour les mécanismes d'institutionnalisation d'une cause, leurs fondements communs et leurs spécificités.