Je sors de l'ascenseur, portes lourdes, et dehors le soleil me prend dans ses mains brûlantes et l'air, danse, il ne veut plus entrer dans nos poumons étroits et nous frappe au visage et rit, et je regarde en l'air, et voici le ciel comme une lame de rasoir, et j'avance en regardant toujours en l'air, et alors les voix sont là, un bruissement, elles murmurent toutes dans une même direction, et ça ne s'arrête plus, et alors je reste où je suis et ne remarque pas que les chiens pissent contre mes roues, parce que le ciel s'est largement déployé et qu'il m'aspire, et il est absolument immaculé, on ne peut même pas le toucher. Parfois il s'élève, comme s'il inspirait profondément, et l'immense couverture céleste recule de quelques mètres, regarde, il faut y plonger la main et voir s'il y a quelque chose, derrière tout ce bleu, quelque chose a changé ces derniers jours, quelque chose ne va pas, cela pétille, quelque chose est en train de se brasser là-haut, le ciel ne pétille pas comme ça d'habitude.