La façon singulière dont il traite son objet et sa qualité littéraire font de
ce livre tout autre chose qu'un livre de plus sur la Shoah. Sa publication
vient, en outre, enrichir la connaissance que le public français a de
l'oeuvre d'Anders. La traduction de Besuch im Hades permet de faire
connaître une autre partie de ce qu'Anders appelait son «encyclopédie
du monde apocalyptique», sur les camps d'extermination nazis. Ce
texte, paru en Allemagne à la fin des années soixante-dix et inédit en
français, est une tentative originale et courageuse de compréhension
et d'interprétation des deux événements essentiels du XXe siècle que
sont «Auschwitz» et «Hiroshima».
À la différence d'Hannah Arendt (Les Origines du totalitarisme, 1951)
ou de Raul Hilberg (La Destruction des Juifs d'Europe, 1961), Visite
dans l'Hadès parle des camps d'extermination sans en parler. Anders
évoque, à travers les exemples de ses parents ou d'Edith Stein, la
volonté d'assimilation des Juifs allemands avant 1933, en expliquant
les effets de la Shoah sur la ville et la région de Wroclaw, mais il évoque
cela indirectement. Le propos est de mieux décrire l'état d'esprit dans
lequel se trouvaient les Juifs allemands que les nazis ont projetés
d'exterminer, ainsi que les effets de la Shoah sur la ville et la région
de Wroclaw.
La qualité scientifique et la dimension incontournable de cet ouvrage
se trouve dans la confrontation de la philosophie andersienne à la
Shoah, ainsi que dans la quête sentimentale et personnelle de l'auteur.
Sa qualité littéraire tient au style d'Anders qui confirme une fois de
plus qu'il est non seulement un grand philosophe, mais également un
grand écrivain.