Un jugement devenu courant promet au syndicalisme une fin prochaine, ou au moins, son institutionnalisation. Mais pourquoi une mort si souvent annoncée tarde-t-elle autant ? Et pourquoi le syndicalisme fait-il mieux que survivre ?
Cet ouvrage se prête à deux lectures complémentaires. On trouvera d'abord l'histoire mouvementée de la CFDT Basse-Normandie, réputée être l'enfant terrible de sa confédération. Précédant de dix ans le congrès de l'Evolution de 1964, elle s'est construite, matériellement et culturellement, sur une quadruple tradition du syndicalisme d'action : l'affirmation comme force autonome, la primauté de l'action sur le discours, la confiance en la spontanéité des mouvements sociaux, et une réticence à la délégation de pouvoir qui tourne à la défiance à l'égard des notables.
Plus largement, la vitalité apparente de ce modèle amène à se demander si le débat qui oppose, ici comme ailleurs, les «archaïques» et les «modernes» ne prive pas le syndicalisme tout entier de ressources qui, loin de s'opposer à la raison négociatrice, lui apporteraient toute sa vigueur.