Vivre à hauteur d'inouï
François Jullien, dans son dernier essai, L'Inouï (Grasset, 2019), a indiqué quelques chemins pour s'approcher de l'inouï, notamment la voie de la littérature. C'est celle que les cinq auteurs de cet essai ont choisie, en démarquant une formule de Georges Bataille, la littérature est l'inouï, ou n'est rien, lors d'un séminaire le 29 novembre 2019, au Patronage laïque Jules-Vallès, à Paris, sous la direction de François L'Yvonnet.
L'inouï doit nommer, non pas l'exceptionnel ou l'extraordinaire, avec lesquels on est tenté de le confondre, mais bien le plus commun et le plus ordinaire. Si l'on ne l'entend pas, s'il reste « in-ouï », c'est seulement qu'il déborde les cadres constitués de notre appréhension. Débordant ces cadres trop étroits, l'inouï se révèle alors être un concept au centre de notre modernité, à la fois philosophique et poétique, et vivre à hauteur d'inouï peut devenir le mot d'ordre d'une nouvelle éthique.