Vivre à l'est, travailler à l'ouest : les routes roumaines de l'Europe
Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, la présence de migrants roumains en Europe de l'Ouest a été fortement médiatisée. Qu'ils soient dénoncés pour leur implication dans des trafics en tout genre, ou appréciés pour leur travail peu coûteux dans certains secteurs économiques, ils rappellent de façon récurrente le fameux « potentiel migratoire » « contenu » aux portes de l'Union Européenne. Au-delà des peurs et des affabulations politiques et médiatiques, l'ouvrage apporte un éclairage sociologique sur la circulation migratoire au départ de la Roumanie vers l'Occident à partir de nombreuses enquêtes de terrain menées tant dans les régions d'origine que dans des espaces d'arrivée comme Londres, Nice ou l'Andalousie. L'auteure y décrit ces migrations et leur mode d'organisation réticulaire en les situant dans le contexte international crée par l'élargissement de l'Union Européenne. Elle montre comment certaines niches d'emploi fortement dévaluées et marquées par le travail au noir en Occident apparaissent comme des opportunités pour des migrants qui multiplient les expériences temporaires à l'étranger dans le seul but d'améliorer leur quotidien en Roumanie. La débrouillardise, l'art de la négociation et la capacité à mobiliser un réseau social au-delà des frontières deviennent dès lors, pour des individus aux profils sociaux divers, des compétences salutaires dans le monde de la circulation économique informelle.