Le but, sinon la visée, de cet ouvrage ressortit à une tentative de mise au
jour d'une intelligibilité des rapports sociaux, politiques et idéologiques,
historiquement institués entre le corps, l'architecture et la ville. Sans
prétendre vouloir faire l'inventaire exhaustif des multiples associations,
dépendances voire des unions, osmoses, fusions entre ces trois objets ou
sphères de recherche, eux-mêmes inscrits dans une interrogation plus large
sur l'espace et le temps, ce recueil de textes tente d'analyser les moments
forts, les noyaux durs, les structures pérennes dont ils dépendent plus ou
moins directement.
Quelle est la thèse centrale de cet ouvrage ? Elle est qu'au coeur des
rapports réels, symboliques ou encore imaginaires établis entre le corps
humain et l'espace, qu'il soit construit matériellement au moyen de
l'architecture ou peint par le biais de fresques ou de tableaux, il est de fait
question d'un puissant mouvement dont le corps est à l'origine et auquel
la pensée sous le registre spéculatif de l'intuition, de l'anticipation, voire
sur le modèle de la construction elle-même, lui est attachée.
Les différents chapitres de cet ouvrage soutiennent une interrogation sur
la cristallisation d'une symbolique corporelle de l'architecture, la mise au
jour de la projection du corps - des parties du corps ou du corps tout
entier - dans l'architecture voire dans la ville, la réfraction de l'architecture
dans le corps, enfin sur l'organisation de la ville perçue comme un
gigantesque corps. Le développement de l'ouvrage cherche à montrer que
l'organisation du corps, sa dynamique, son mouvement général dans la
société occidentale participe de la structure de l'architecture autant que
celle-ci le structure jusqu'à procéder à une forme d'amalgame voire de
fusion entre eux.