Tout au long de sa vie, Henry D. Thoreau a porté un vif intérêt pour le règne animal. Préférant la compagnie de ceux qu'il nomme ses « voisins », ses « co-habitants » voire ses « amis » à celle de ses concitoyens, il consacre un temps infini à l'observation sur le terrain. Abeille, lynx du Canada, moufette, petit-duc maculé, tortue... n'ont plus de secret pour le naturaliste amateur. « L'ermite de Walden » consigne ensuite avec précision des notes dans son Journal, nourries de réflexions et parfois d'humour, qui laissent entrevoir un autre mode de vie considérant pleinement la nature. Dans l'idée de présenter un panorama permettant d'appréhender l'animalité, Michel Granger a opéré une sélection qui souligne toute la richesse et la diversité de cette pensée profondément libre.
Elle ne s'est pas assise sur son arrière-train comme font parfois les marmottes, mais elle se tenait sur ses pattes avant, la tête baissée, c'est-à-dire à demi assise et a demi dressée. Nous avons continué à nous regarder une bonne demi-heure, jusqu'à commencer à ressentir des influences mesmériques. Quand je me suis senti fatigué, je me suis écarté d'elle en souhaitant la voir détaler, mais impossible de la faire partir. Elle refusait de bouger tant que je la regardais et que je pouvais la voir. J'ai tourné autour d'elle ; elle a pivoté aussi vite pour toujours me faire face.