Une guerre se terminait voilà cent ans, appelée désormais la Grande Guerre, et déclarée avec une sotte imprudence comme la dernière. Seule la mort en fut victorieuse. À peine vingt ans plus tard, le monde fut recouvert de bruits et de fureurs, et se déchaîna une volonté démente et sans précédent d'extermination massive. Pourtant les combats de 1914-1918 sont restés présents dans les esprits, pourtant la mémoire de cette hécatombe a perduré, non seulement dans les reliques familiales, mais dans les bibliothèques, les films, les musiques, jusqu'à prendre place parmi les grands mythes.
C'est à la hauteur de ce mythe que se hisse un poète, Patrick Quillier, qui a dû consacrer un grand pan de sa vie à Voix éclatées, cette épopée dont l'ampleur, l'intensité et la force poétique confirment que la Grande Guerre continue d'occuper les consciences. La lecture de ce vaste Monument aux Morts redonne au fracas des obus, aux cadavres enfouis dans la boue des tranchées, aux hurlements des blessés, un bouleversant regain d'angoisse et d'épouvante. L'écriture à la fois réaliste et poétique de ce thrène offert à l'humble piétaille arrachée à sa jeunesse, restitue ce que fut la souffrance des corps et des âmes, sacrifiés au profit illusoire des nations.