Les Voix d'Antonio Porchia, dont nous
publions ici une sélection, sont une
oeuvre doublement unique : unique en
ses genre, composition et histoire, mais
aussi l'unique livre de leur auteur, qui
fut diffusé «en secret» (à une époque
qui ne disposait pas des facilités de
communication actuelles) - et vénéré -
avant même d'avoir été publié !
«Mon livre, Voix, est quasiment une
biographie. Qui est quasiment à tout le
monde.», disait Antonio Porchia, qui
ajoutait humblement : «Je suis si peu
en moi...» - peut-être parce qu'il était
toujours en quelqu'un : seul ce qui est
secret de cette façon peut dévoiler les
autres secrets et - c'est là la clé - les
unir entre eux : «La poésie unit, relie ;
quand nous sommes, nous sommes des
unions.»
Roger Caillois, qui a découvert l'oeuvre
de Porchia dans l'Argentine des années
1940 et qui l'a traduite et publiée en
France, raconte : «J'ai trouvé l'oeuvre
de Porchia à Buenos Aires [...]. Tout à
coup, j'ai vu un livre très humble, et je
ne sais quelle force fit que je m'arrêtai
et commençai à l'examiner. Je ne voulais
pas y croire, et je ne pus m'arrêter
avant d'avoir fini de le lire. Après, j'ai
essayé se savoir qui en était l'auteur ;
personne ne le connaissait, mais je l'ai
rencontré. Et j'ai dit à Porchia :
"J'échangerais contre ces lignes tout
ce que j'ai écrit".»