« Par où commencerai-je ? l’abondance au milieu de laquelle je me trouve me met dans rembarras du choix ! me voilà dans mon hôtel de la nouvelle rue de Rivoli, jetant un coup-d’oeil sur le magnifique Panorama qui m’environne, et me mourant d’envie de vous parler à-la-fois du château des Tuileries, des ministres, de la chambre des députés, des jolies femmes que je vois se promener là-bas dans la grande allée des Orangers, ou bien de ces trois hommes de lettres de ma connaissance qui en se disputant longent la terrasse des Feuillans....Eh bien, me direz-vous, je suis aux écoutes. — Et moi sur les épines. Mon dieu, que le début est difficile ! Je ne suis pas de l’avis d’Arlequin, qui trouvait aisé le premier vers, et se plaignait de ne pouvoir jamais rencontrer le second ; il me semble que le premier coup de pinceau est le plus pénible, les autres coulent de source. Quoi qu’on en dise, maintenant, convenez, mon ami, qu’un plan est d’un merveilleux secours lorsqu’on entreprend un ouvrage ! je n’hésiterais pas si ma marche était tracée ; je tâtonne, parce que je n’ai rien d’arrêté, c’est une vérité ; n’en déplaise à M. Jean-Jules Janin, et à tous ces enfans du hasard que l’école romantique nourrit dans son sein. Quand on se met en route il est parfois utile d’avoir fait son itinéraire, je le sais, et pourtant je m’abandonne ; seulement je tâcherai de saisir un fil pour me guider à travers chaque chapitre. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.