Le Front national, au début, ça fait peur. Après, c'est autre chose, un étonnement permanent, une proximité troublante, voir tant de «braves-gens-normaux-comme-vous-et-moi» penser des choses horribles, et découvrir que la France est bien dézinguée, quand on s'en va la creuser. Ce n'est pas le fascisme, le problème : c'est leur «normalité» qui se greffe sur un extrémisme jamais démenti...
Trois ans à parler avec eux, discuter, argumenter, comprendre, entrer dans leurs cœurs, leurs rêves, leurs envies, leur passé, jouer le jeu du dialogue et de l'échange... L'auteur (parisien, «bourgeois», journaliste) a refusé le parti pris habituel du pamphlet pour se faire peur, pour entendre les frontistes, se confronter à eux, et résoudre une histoire de France.
Ce livre est une aventure dans un pays étrange et si proche... On y rencontre les grands chefs en leur guerre (Le Pen, dans son combat de trop, Mégret, tout d'habileté et de construction méthodique) ; les fous baroques d'une France folle (intégristes, pétainistes, païens post-nazis camouflés en représentants du peuple, jouvenceaux théorisant la guerre des races, tranquilles négationnistes) ; mais surtout la base bruissante du Front, tout un morceau de France dont le FN est le porte-voix. Une France blanche-popu, autochtone, indigène, braquée par les temps violents ou rapides - fermée, opaque, incomprise, redoutée, mais si familière...