Deux voix s'expriment en alternance dans ce livre : celle de Hans Christoph Buch qui a effectué plusieurs grands reportages en Afrique, et celle de Richard Kandt, médecin né à Munich que Bismarck envoya en 1897 chercher les sources du Nil. Hans Christoph Buch met ainsi en regard l'Afrique du passé et celle d'aujourd'hui.
Au cours de ses séjours successifs au Liberia, au Rwanda, en Tanzanie et dans l'est du Zaïre, Hans Christoph Buch rencontre la dévastation, la guerre civile et l'horreur des camps : cadavres putréfiés, médecins débordés par le flot des blessés, convois humanitaires bloqués par les rebelles. A l'hôtel, il écoute les récits de vies ravagées. Intercalé entre ces visions d'horreur, le récit de Richard Kandt creuse la perspective du livre. L'Afrique du passé est à la fois proche et différente de l'Afrique contemporaine. Le médecin évoque la beauté des paysages rwandais puis la corruption et la violence, déjà présentes à l'époque.
En rapportant les paroles de ceux qu'il rencontre, en les décrivant et en donnant leur nom, Buch semble faire un effort désespéré pour leur rendre leur individualité. Les images du récit s'imposent à notre imagination avec force. Une vraie puissance se dégage du texte, dans l'horreur comme dans la grâce. La tragédie des génocides est traitée sous un angle profondément humain.