Pour échapper à la réalité - béton à perte de vue, changement de climat, transformation du monde du travail - les habitants de «La Cité du Bonheur» consomment de la virtualité. Grâce à des drogues distribuées par le gardien et des programmes TV dans lesquels ils peuvent se projeter, ils ont la faculté de passer régulièrement dans le monde des illusions, de dévorer du fantasme.
Chaque soir, selon des règles bien établies, n'importe quel locataire peut commander un programme, pris dans le catalogue, et devenir ainsi quelqu'un d'autre, vibrer pour une autre vie. On peut être Mme de Pompadour, plonger dans une orgie romaine, faire gagner son équipe de foot...
A ce petit jeu, les retours sont difficiles et les couples se désagrègent, car chacun est parti dans un «voyage» différent qui les éloigne l'un de l'autre.
Il y a même des retours qui donnent lieu à des scènes de ménage, pleines de reproches, de fiel, de haine car certains voyages sont ressentis comme des trahisons conjugales.
Le premier couple de cette pièce, en pleine décomposition, semble s'y résigner. Mais le second résiste et a l'intention de rejoindre la campagne, à l'écart de la société... Mais est-ce possible de se construire une autre réalité, n'est-ce pas encore se bercer d'illusions?