Une analyse précise et originale du régime de vérité en temps de guerre.
Rumeurs, légendes, propagande et témoignages de l'expérience de guerre : tous ces phénomènes montrent qu'un nouveau régime de vérité se mit progressivement en place pendant la Première Guerre mondiale. Devenus invérifiables souvent pour les raisons matérielles nées du conflit, au moment même où les sociétés belligérantes étaient en proie à un doute général, les faits devinrent plus difficiles à établir. L'État favorisa cette incertitude en installant son propre système d'information : censure et " bourrage de crâne " alimentèrent nombre de commentaires contemporains. Mais il ne fut pas le seul responsable. Combattants sur le front, civils à l'arrière, livrèrent aussi des " vérités " participant d'une " culture de guerre " nécessaire à la mobilisation des populations. Contribution à cette histoire, cet ouvrage collectif propose une relecture de la Première Guerre mondiale, à la lumière des catégories de " vrai " et de " faux ", ébranlées par l'état de guerre. Les auteurs montrent aussi que le nouveau mode d'établissement de la vérité se poursuivit après guerre : les controverses autour du bon ou du mauvais témoignage rejoignirent les polémiques politiques lancées par les pacifistes ; les États, pour leur part, s'affrontèrent sur les responsabilités de la guerre autour d'une querelle sur des faits toujours difficiles à étayer. De l'incertitude vécue durant les hostilités aux mémoires contestées par la suite, le négationnisme historique sut se nourrir de ce brouillage entre le " vrai " et le " faux ", après la Seconde Guerre mondiale, aux fins de fragiliser la réalité de l'extermination nazie. L'ouvrage montre enfin que l'analyse de la Grande Guerre peut être un modèle utile à l'analyse des grands conflits, jusqu'aux plus contemporains, y compris la guerre d'Irak en 2003, qui se comprendra peut-être mieux.