Je pensais au film de Dreyer ; à la résurrection d'Inger ; à la modification d'Inger : la même et pas la même, pas transformée, pas différente, pas métamorphosée : modifiée ; à l'expérience hors du commun et en même temps intransmissible, à ce savoir très particulier et en même temps incommunicable des revenants et des rescapés (des faits, des pensées, des images, et aucun mot pour les exprimer ? Cette aporie sur laquelle tout bute : la poésie, l'art, le pardon, la consolation, la beauté) ; au rôle de l'écrivain comme médium « celui qui fait parler les morts »
- et d'ailleurs qu'est-ce que c'est qu'être un écrivain sinon faire parler les morts.
« Portrait de l'artiste en médium », médium attentionné de tous les morts mutiques, les disparus de l'Indicible, les déniés du « Plus-jamais-ça ! », les pogromés, les négationnés, sans sépultures ni dernières paroles.
C'est de ça que j'aurais voulu parler.
De ce « ça » du « Plus jamais ça ».
Annie Zadek