Vingt ans après sa mort, on peut encore se demander qui était vraiment le
dessinateur, le peintre, le photographe, le cinéaste, le producteur, le graphiste,
l'auteur, le journaliste, l'éditeur, le directeur artistique, l'animateur
de télé, l'acteur, le mannequin américain d'origine tchèque nommé Andy Warhol.
Était-il un prophète ? un imposteur ? un monstre ? un crétin ? le pape du pop ?
un théologien paradoxal ? une machine célibataire ? un héritier du dadaïsme ? un
martyr ? un taoïste ? un dévot ? un fantôme ? un avare ? un apôtre de la société du
spectacle ? une victime sacrificielle ? un "fils à maman" ? un vampire ? un robot ?
un sage ? un dandy ? un mystique ? une marionnette ? un saint ? une marque ? un
obsédé de la mort ? du néant ? le plus véridique artiste de la seconde moitié du XXe
siècle qui continue d'irradier le XXIe ?
Pour le savoir, il ne suffit pas de le voir. Il faut aussi le lire, l'écouter, tendre l'oreille
vers sa parole et sa pensée. Car légère et profonde, ironique et rusée, la fine leçon
dispensée par Warhol a tout d'une surprenante "sagesse" : celle d'un grand stratège
de sa propre existence qui pourrait, étrangement, éclairer aussi la nôtre