Winnicott (1896-1971), pédiatre, psychanalyste, clinicien hors pair, théoricien
créatif ouvert sur le monde, a marqué de manière décisive le monde analytique,
celui de tous les professionnels de l'enfance, et tout autant influé sur l'évolution
des idées. Si les concepts qu'il a forgés sont encore aujourd'hui largement utilisés
- objet et phénomène transitionnels, le jeu comme espace potentiel, la mère suffisamment
bonne, le holding et le handling, le self et le faux-self, la capacité d'être
seul... - et s'il a inspiré nombre de pratiques cliniques et d'ouvrages consacrés
à son oeuvre, c'est la première fois qu'est proposée au lecteur francophone une
biographie complète et étoffée de cet homme d'exception, réputé pour sa chaleur
humaine, son acuité intellectuelle et son sens de l'humour.
«En fait, je glane une chose et une autre çà et là, me penche sur l'expérience
clinique, élabore mes propres théories et puis, tout à la fin, je cherche à voir ce
que j'ai volé et où», dit Winnicott. Comme les autres analystes du «groupe des
indépendants», Winnicott s'inscrit dans la tradition britannique de l'empirisme.
L'auteur restitue le climat, les traditions d'une époque et l'ambiance familiale dans
lesquels a grandi et évolué cet homme qui a mis au premier plan la question de l'environnement
dans sa conception du développement de l'enfant. Il fait apparaître les
influences, scientifiques, religieuses et littéraires, qui ont présidé à sa pensée et à
son style.
Rodman distingue deux périodes dans la vie de Winnicott : la première, de 1896,
année de sa naissance à Plymouth, à 1952, raconte son enfance, sa jeunesse, son
passage de la pédiatrie à la psychanalyse, ses expériences, ses formations, ses relations
et ses différends avec les protagonistes de la psychanalyse d'enfants, Melanie
Klein en particulier. La seconde, de 1953 à sa mort en 1971, est la période de la
maturité, où il affirme ses positions d'analyste «indépendant», et surtout, c'est une
période de création intense pendant laquelle il construit ses propres théories et multiplie
les publications et les conférences.
«Pour faire de la recherche, il faut avoir des idées. Il y a une orientation subjective
dans l'investigation», écrivait Winnicott, et c'est un peu de cette subjectivité que
dévoile Rodman dans ce livre.