Dans la forêt le vent hurle et me hante,
Il me dit que la vie chante,
L'air est calme, tendre et froid,
Le lointain peuplier fait des signes, encore une fois.
Je veux vivre.
Je veux rire, de lourdes choses je veux porter
Je veux me battre, haïr, aimer,
Et le ciel, dans mes mains, je veux l'attraper
Je veux être libre, respirer, crier
Je ne veux pas mourir. Non !
Non.
Rouge est la vie.
Mienne est la vie.
Mienne et tienne,
Mienne.
Pourquoi les canons hurlent-ils ?
Pourquoi la vie se meurt-elle ?
Pour des couronnes étincelantes ?
Selma Merbaum ou Meerbaum (1924-1942), est aujourd'hui, avec Paul Celan, Rose Ausländer, Immanuel Weissglas, une des quatre étoiles de la poésie de langue allemande de Czernowitz et elle sera peut-être un jour un des grands noms de la poésie allemande du XXème siècle. Née en 1924 à Czernowitz, morte en déportation dans le camp de Mikhaïlovka en Ukraine occupée en 1942, Selma a fait son apparition dans la vie littéraire de langue allemande longtemps après sa mort, grâce à la première publication de son recueil à Tel-Aviv en 1976, puis en Allemagne en 1980.