Rendue célèbre en 1951 par Mémoires d'Hadrien (prix
Femina), puis par L'OEuvre au Noir (1968), Marguerite Yourcenar
(1903-1987) a été aussitôt classée, pour le meilleur et le pire,
parmi les grands écrivains français classiques : érudite, impersonnelle,
maîtrisée jusqu'à l'excès dans le style et les passions,
académique avant l'heure de son élection.
En réalité, avec le recul du temps et grâce à la connaissance
nouvelle de son oeuvre intime - Mémoires, Correspondances - ou
de ses récits plus modestes - Nouvelles, Essais -, une personnalité
tout autre d'écrivain femme se révèle. Avec son ironie et ses
attendrissements, son orgueil et son humilité, son pessimisme
grandissant et son idéal de bonté, son homosexualité affichée et
sa misogynie. Accueillir et identifier ces passions contradictoires
en allant de l'oeuvre à la vie et réciproquement, tel est l'enjeu de
cet essai.
Il faut du temps pour approcher la «vérité» d'un écrivain
comme Marguerite Yourcenar. Henriette Levillain, par cette carte
d'identité, nous permet néanmoins de s'en approcher. D'aristocrate
à écologiste, de frontalière à visionnaire, elle dresse dans
un abécédaire biographique le portrait de cet auteur paradoxal.