«Le ciel nous tombait dessus, traversé par d'immenses cigognes
qui battaient des ailes, comme des voiles de feu, et on a entendu
de nouvelles explosions et les cigognes qui claquaient du bec :
tacatacatacatac... je suis tombé sous les jambes de quelqu'un, mais
je ne pouvais pas m'empêcher de rigoler... c'est que dans les ombres
immenses qui parcouraient le ciel, je ne voyais plus des nuages, mais
des petits cochons ! Et des ombres de chèvres et de boucs cabriolaient
dans les airs, des ombres de chiens et de coqs chevauchaient l'échine
des cochons ! Et une belette au museau ensanglanté paradait devant
des poules qui miaulaient comme des chats...»
Dans la Tchécoslovaquie d'après-guerre, un orphelinat
religieux est repris en main par un groupe de soldats. Les
garçons reçoivent trois sous d'instruction militaire avant
d'être confrontés à l'invasion du pays par les troupes du pacte
de Varsovie. Alors que la population organise la résistance, le
jeune héros, Ilia, se retrouve enrôlé par une division de tankistes
soviétiques dont la véritable mission, longtemps tenue secrète,
consiste à rassembler les cirques ambulants pour transformer la
région en un grand parc d'attractions socialiste...
Dans la mêlée de cette nouvelle vague d'écrivains requinqués par la
glasnost, un nom se détache : Jáchym Topol.
André Clavel, L'Express, 9 décembre 1999