Sujet longtemps tabou dans les hautes sphères politiques et militaires, archives
inaccessibles au commun des mortels, un siècle après leur disparition, on ne sait
toujours pas qui étaient les combattants fusillés par l'armée française en 1914-1918.
Combien étaient-ils ? Qu'avaient-ils fait ? Quelles sont les véritables raisons de leur
mise à mort ? Autant de questions qui restent encore aujourd'hui sans réponse et qui
empêchent de connaître de façon objective cette population dans son intégralité.
À quelques mois du centième anniversaire du déclenchement de la Première Guerre
mondiale et, alors que certains s'interrogent sur une réhabilitation individuelle ou
collective des fusillés de ce conflit, Frédéric Mathieu, chercheur indépendant spécialisé
dans l'étude du monde combattant des 19e et 20e siècles, rend publique cette longue
enquête menée sur les traces de 740 d'entre eux. Entre archives et terrain, l'auteur
réalise une plongée aussi passionnante qu'émouvante au coeur de ce drame humain. Cet
ouvrage sans concession ne saurait laisser personne indifférent. Les témoignages
poignants de 130 soldats condamnés à mourir se mêlent à ceux de leurs camarades,
choqués par l'horreur du «spectacle» auquel ils assistent. Les 40 portraits
photographiques interpellent le lecteur, tout comme les rares clichés d'exécutions. Et
quand, au détour d'une page, apparaissent un rapport médico-légal laconique et
l'ébauche, à l'aquarelle, d'un corps criblé de balles, c'est toute la froideur et la brutalité
de la guerre qui s'expriment.
Fruit d'une enquête minutieuse et sans concession, cet ouvrage révèle, pour la première
fois, la face trop longtemps cachée des fusillés de la Grande Guerre.