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Avec 757 lettres, le quatrième tome des Lettres de Mme de Maintenon s'ouvre
sur la période de 1707 à 1710 où les événements de la guerre de Succession
vont oblitérer tout autre préoccupation.
À elles seules, les 192 lettres à la princesse des Ursins tracent semaine après
semaine le douloureux cheminement de ces années sombres où, nous dit Saint-Simon,
«des précipices ont pensé engloutir la France.» Les deux Dames, si
opposées par leur tempérament - Mme de Maintenon pessimiste et toujours en
retrait, la Princesse au contraire allant toujours de l'avant et s'obstinant jusqu'à
l'agacement à vouloir continuer la guerre pour sauver Philippe V - vont échanger
dans un tournoi épistolaire leur affection et leurs discordes, dont les lettres
de notre correspondante donnent la mesure.
En marge de la politique où la grande histoire tient le rôle majeur, Mme de
Maintenon, fidèle à sa passion pour la pédagogie, entretient avec les Dames de
Saint-Cyr et l'abbesse de Gomerfontaine un dialogue affectueux mais directif.
Les questions religieuses auxquelles sont mêlés l'archevêque de Rouen et
l'évêque de Chartres s'inscrivent dans le prolongement des questions déjà abordées
dans les volumes précédents. L'attitude ambiguë du cardinal de Noailles se
manifeste surtout lors de la dispersion des religieuses de Port-Royal et sur sa
position à l'égard du jansénisme.
Enfin, plus intimes, quelques lettres à ses amies, Mesdames de Caylus, de
Dangeau ou de Villette entretiennent cette conformité de sentiments que Mme de
Maintenon plaçait au coeur de son secret, à l'abri des intrigues de la Cour, lettres
qui apportent un peu de fraîcheur sur ces années de tristesse. Le duc de
Noailles occupe une place particulière ; dans les lettres qu'elle lui adresse se
mêlent des confidences sur les événements, sur sa famille et sur sa santé déclinante.
Et c'est avec lui qu'elle s'exprime avec la plus intime confidence.
Plus encore que la correspondance de Mme de Sévigné qui ne s'adressait qu'à
sa fille, les lettres de Mme de Maintenon, par la variété de ses correspondants et
des styles qu'elle adoptait pour chacun, offrent un éventail de la littérature épistolaire
qui lui confère une place exceptionnelle dans cette forme d'expression si
proche de la conversation.
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