En 1729, à la suite d'un différend à propos du paiement
de l'impôt supplémentaire, la Corse s'enflamme. Partie de
Castagniccia, la révolte, habilement conduite par quelques
notables restés plus ou moins dans l'ombre, gagne la
plupart des régions intérieures de l'île. Seuls restent fidèles
les bastions côtiers des Génois qui deviennent une cible
pour les insurgés.
Le gouverneur génois en charge des affaires de Corse,
Felice Pinelli, ne parvient pas à endiguer la rébellion des
paysans des montagnes qui, un jour de février 1730,
s'emparent de Bastia et la saccagent. Seule la citadelle
restera inviolée.
Malgré tous ses efforts, relatés tant dans le premier
document, signé de sa main, que dans le second, resté
anonyme, Felice ne réussira pas à éteindre l'incendie et
sera relevé de ses fonctions quelques semaines plus tard.
Ces documents donnent le point de vue génois du
soulèvement de la Corse. Ils constituent un plaidoyer du
gouverneur en sa propre faveur, sans doute destiné à ses
supérieurs, mais qui laisse poindre, derrière les arguments
de façade, une véritable incompréhension du phénomène
qui mènera inéluctablement, vingt-cinq ans plus tard, à
l'émancipation puis à l'indépendance de la Corse.